En Arménie un couple de mécènes a réussi le pari fou de redonner espoir à la jeunesse du pays. Le Centre pour les Technologies Créatives, TUMO, dispense depuis 2011 une formation gratuite aux jeunes de 12 à 18 ans dans les domaines de l’art et des technologies. Un projet précurseur qui essaime à l’intérieur du pays et dont la pédagogie inspire aussi Paris, Beyrouth ou Moscou.
L’éducation là où la politique a échoué
Corruption, absence de classe moyenne, salaires misérables, pauvreté et maintien au pouvoir sans précédent de l’ex-président Serge Sarkissian, la jeunesse arménienne n’en finit pas de dénoncer les maux qui gangrènent son pays.
Depuis mi-avril, elle a pris son destin en main. Grâce à sa mobilisation et ses manifestations elle a réussi un coup de force. L’ancien président de la petite république du Caucase, fraîchement élu Premier ministre, a annoncé sa démission le 23 avril dernier. Il a reculé devant la fougue populaire.
Il ouvre ainsi la voie au jeune leader de la fronde anti-gouvernementale, Nikol Pachinian, 42 ans, qui devrait être élu nouveau Premier Ministre ce mardi 8 mai 2018.
Sam et Sylva Simonian n’ont pas attendu la percée citoyenne pour agir à leur échelle. Le couple américano-arménien a ouvert le Premier Centre pour les Technologies Créatives (TUMO) à Erevan, la capitale, dès 2011.
Le centre a déjà formé 10.000 jeunes. Sept ans plus tard, forte de son succès, la Fondation gère trois centres supplémentaires dans les villes de Dilijan, Gyumri et Stepanakert. Chaque établissement accueille entre 1.000 et 4.000 étudiants. D’ici 2019, le réseau national devrait encore s’agrandir avec deux nouvelles implantations.
Dans un pays de 3 millions d’habitants, les effectifs formés sont considérables. C’est aussi au-delà des frontières arméniennes que la pédagogie mise en œuvre par TUMO fait fureur. 2018 devrait voir l’ouverture d’établissements fondés sur le même modèle à Paris, Moscou et Beyrouth. Pourquoi un tel engouement ?
Préparer la nouvelle génération au monde de demain
Depuis 2011, TUMO dispense une formation gratuite aux jeunes de 12 à 18 ans dans les domaines du design et des technologies. C’est là la première force du projet. Avoir saisi l’importance du numérique et du langage informatique. Demain sera numérique ou ne sera pas.
Pour ne pas rester sur la touche la nouvelle génération devra parfaitement maîtriser toutes les subtilités de ce monde 3.0. « Les nouvelles technologies vont pénétrer tous les métiers, il faut que les Arméniens soient en mesure d’affronter ces évolutions qui vont bouleverser le monde professionnel », explique Lilit Tovmasyan, 25 ans, ancienne élève de Tumo et chargée de communication.
Deuxième force, la pédagogie. Loin des schémas de l’enseignement classique qui laisse de nombreux enfants et adolescents sur la touche, TUMO a fait le choix d’une formation ouverte à tous et adaptée aux besoins et aux connaissances de chacun.
Aucune sélection, aucun test à l’entrée, mais des coachs et des parcours personnalisés pour chaque étudiant. Concrètement les jeunes viennent chaque jour quelques heures après l’école. Entre travaux individuels, activités interactives et ateliers collectifs les étudiants développent, à leur rythme, leurs nouvelles compétences.
Animation, développement de jeux-vidéos, design informatique, cinéma, musique, dessin, robotique, programmation, chaque étudiant suit quelques modules obligatoires et complète sa formation avec des cours de son choix. Et les fondateurs n’ont pas lésiné sur les moyens. Parmi les intervenants, des représentants des mastodontes américains comme Twitter ou Pixar!
En deux ans, un élève est ainsi capable de mener un projet de A à Z et de sortir avec une première réalisation concrète, bien plus valorisable qu’un simple diplôme sur le marché du travail.
Une vraie réussite qui donne aux jeunes Arméniens un sacré coup d’avance pour mener la transition vers le tout numérique dans les meilleures conditions.
Mouradian – Équipe Le Fil Rouge